As-tu déjà entendu parler de l’association Act Up ? On voit souvent des triangles roses sur des t-shirts noirs, on l’a même d’ailleurs récemment vu dans l’excellent film 120 battements par minute de Robin Campillo, qui met en scène l’histoire de cette association emblématique. Mais quelle est réellement cette association ? Comment est-elle née ? Pourquoi est-elle si importante dans la lutte contre le sida et donc par extension pour les personnes de la communauté LGBTQ+ ? Notre boutique militante pour les droits LGBT+ s’est renseignée et t’en dit un peu plus sur Act-Up.

Act Up : une association née aux États-Unis

En 1981, le virus du SIDA fait son apparition aux États-Unis et commence à faire des ravages. Jusqu’en 1987, le sida continue de détruire des vies d’homosexuel·les. Pour faire bouger les choses, un mouvement se crée à New York : Act Up, mené par Larry Kramer. Act Up, c’est l’AIDS Coalition to Unleash Power, soit la Coalition contre le SIDA pour libérer le pouvoir. Son but ? Mener des actions coups de poing spectaculaires pour attirer les médias, sensibiliser l’intégralité du peuple américain à la maladie ainsi qu’aux prix exorbitants du traitement (l’AZT à l’époque).

Le dramaturge Larry Kramer, fondateur d’Act Up © Sara Krulwich/Getty Images

Dès l’arrivée du mouvement militant, on ne peut pas louper les activistes d’Act Up. Les membres portent des t-shirts noirs floqués d’un triangle rose et de slogans chocs comme SILENCE = DEATH. Avec ses t-shirts, les bénévoles veulent être remarqués (tiens, tiens, ça nous rappelle une certaine boutique LGBT+…), les membres de l’association veulent choquer pour faire bouger les mentalités et accélérer les choses. Les militant·es ont choisi de se réapproprier le triangle rose qui était, pendant la 2nde Guerre Mondiale, le signe distinctif (pointe vers le bas) que devaient porter les gays dans les camps de concentration nazis. Le triangle a été retourné comme on retourne des insultes homophobes : pédé, gouine… Ce choix n’a donc pas été fait au hasard, encore une fois, les militant·es d’Act Up ont, dès le début, choisi un symbole extrêmement lourd de sens pour éveiller les consciences sur l’urgence de la situation.

La fondation d’Act Up-Paris

Suite aux actions chocs d’Act Up vues aux États-Unis et à l’augmentation du nombre de mort·es dû·es au VIH, la colère monte également en France. Ainsi, en 1989 Didier Lestrade, Pascal Loubet et Luc Coulavin décident de décliner ce mouvement dans l’hexagone en suivant le même modèle.

L’arrivée de cette association radicale en France réveille une véritable envie de révolution chez les personnes de la communauté LGBTQ+ française. Déjà parce que les personnes séropositives ne montraient jusqu’alors pas leur tête dans les médias, mais aussi parce que les personnes LGBT n’étaient pas du tout habituées à manifester publiquement pour leurs droits. La colère des militant·es est leur manière de faire bouger les politiques, les laboratoires, les agences de santé concernées par le virus.

Act Up-Paris : une ribambelle d’actions coups de poing

Le lancement d’Act Up-Paris se révèle être un franc succès, un réel changement pour les personnes séropositives mais aussi pour l’ensemble des personnes LGBTQ+. Seulement 6 mois après la création d’Act Up-Paris, une banderole est déployée par les militant·es sur les fameuses tours de Notre-Dame de Paris afin de dénoncer l’attitude de l’Église catholique vis-à-vis du préservatif (entre autres).

Le 1er décembre 1993, les militants d’Act Up-Paris réalisent l’une de leurs actions les plus connues : les membres réussissent à mettre une gigantesque capote sur l’obélisque de la Concorde (rien que ça !). Cela va permettre à l’association de faire un tour du monde des médias et de sensibiliser le plus de personnes possibles à la lutte contre le sida, faisant alors encore des ravages partout dans le monde.

L’association est aussi très connue pour ses die-in, méthode de protestation s’appuyant sur le modèle du sit-in. L’idée est ici de s’allonger sur la voie publique et de faire semblant d’être mort·e, à l’image des personnes atteintes du sida qui sont mortes à cause de la maladie ou qui pourraient l’être bientôt.

Des manifestants d’Act Up Paris en plein die-in devant le ministère de la santé. © William Hamon

On retrouve aussi en 2004 une autre action qui a marqué les esprits : les militants d’Act Up-Paris aspergent le laboratoire Roche de faux sang, afin de protester contre l’abandon du développement d’une molécule anti-VIH. Scène que l’on retrouve d’ailleurs dans le film 120 battements par minute (si, si, tu vois très bien de laquelle je parle, celle où Adèle Haenel prend le mégaphone et mène la danse…).

Le laboratoire Roche, pris d’assaut par les militant·es. © Act Up-Paris

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