Sur les bancs de l’école, as-tu toi aussi entendu la fameuse phrase « Le masculin l’emporte sur le féminin » ? Nous savions à peine parler qu’on nous apprenait déjà que le sexe faible serait laissé de côté sur bien des sujets. Et expliquer aux enfants cela ne contribue pas à former des consciences égalitaristes. C’est pourquoi aux yeux des militant·es féministes et/ou queer, l’écriture inclusive est une écriture qui combat les stéréotypes sexistes bien trop souvent rencontrés.

Nous aussi chez Phèros nous avons appris à écrire de façon inclusive, par militantisme mais aussi pour pouvoir nous adresser à tous les êtres humains, peu importe leur·s identité·s de genre. Car si l’écriture inclusive est un moyen de combattre une société patriarcale dans laquelle l’homme est priorisé, c’est aussi une méthode incluant les personnes qui ne s’identifient ni au genre masculin, ni au genre féminin ou qui s’identifient aux deux, comme les personnes non-binaires. Si le terme non-binaire n’est pas clair pour toi, tu peux en apprendre davantage sur les identités de genre via notre article de blog.

Félicitations de vouloir apprendre ce langage inclusif, de notre point de vue c’est une démarche bienveillante et progressiste pour contribuer à l’égalité et l’inclusion de tous·tes.

Notre marque LGBT+ française a préparé un petit guide pour t’apprendre l’écriture inclusive et t’accompagner dans ce processus. Nous estimons qu’il est important de prendre du recul et de te transmettre une certaine culture, plutôt que de juste te donner les termes inclusifs à utiliser. En effet, il est nécessaire de savoir pourquoi est-ce important d’utiliser au maximum ce langage. Voilà pourquoi tu trouveras des explications et des anecdotes dans ce texte.

L’écriture inclusive : qu’est-ce-que c’est ?

L’écriture inclusive -appelée aussi langage épicène, langage neutre, langage dit « non sexiste » ou « dégenré »- repose sur 3 grands principes :

  1. Les fonctions, métiers, statuts sont accordés les genres des personnes
  2. Le masculin ne l’emporte plus sur le féminin mais inclut tous les genres au singulier comme au pluriel
  3. Les termes universels sont privilégiés

Premier principe : féminisation des noms de métiers, statuts, fonctions

On a l’habitude de dire une secrétaire, une caissière, une infirmière … Mais un responsable, un manager et un médecin. En effet, les postes à responsabilités ont été rapidement masculinisés et sont rentrés dans la langue française.

Pourquoi ? Comme l’explique Eliane Viennot, auteure de « Non le masculin ne l’emporte pas sur le féminin » et professeure de littérature à l’université : “Les hommes ont dominé la parole publique pendant des siècles. Mais il y a eu aussi, en France, une masculinisation délibérée du langage, à partir du XVIIe siècle, sous l’influence de ‘puristes’. Ils ont condamné des noms féminins parfaitement justes et utilisés (autrice, peintresse, médecine…).”

Nous avons été tellement habitué·es à ces termes qu’il devient presque dérangeant de dire une manageuse, une médecine, un secrétaire. Alors, pour contrecarrer ces (mauvaises) habitudes, l’écriture inclusive remet tout le monde au même niveau : on préfère dire une cheffe d’entreprise, une maîtresse de conférence, une poétesse, une écrivaine, une chercheuse, une pompière etc.

Deuxième principe : Le masculin ne l’emporte plus sur le féminin

Tu as dû voir que nous terminions certains mots avec des points. Effectivement, c’est l’essence même de l’écriture inclusive : pouvoir inclure tous les genres au même niveau d’égalité.

Tu verras parfois des écritures qui diffèrent. Certaines personnes utilisent des tirets, d’autres des points finals, d’autres des majuscules. Nous chez Phèros on utilise le point médian “·”. Le point médian est plus discret et coupe moins les mots et les phrases lorsqu’on lit un texte inclusif. Libre à toi d’utiliser le critère de ton choix, celui avec lequel tu es plus à l’aise. Au début, tu seras peut-être perdu·e en écrivant. Petite astuce : chez Phèros nous utilisons beaucoup la dénomination « les personnes » ou « la personne ». Cela nous aide à ne pas faire d’erreur quand nous avons un doute !

Comment faire le point médian de l’écriture inclusive :

Sur Mac OS X : Alt + maj + F

Sur Windows : Alt+0183  ou Alt + 00B7

Construction d’un mot inclusif

Racine du mot + suffixe masculin + point milieu + suffixe féminin

  • ex : Début + ant + · + e = Débutant·e

Au pluriel on rajoute le « s » pour donner Débutant·e·s.

Concernant le singulier : tu vas te retrouver face à des “le·a” ou des “le·la” ou aussi “lae” quand tu utilisera des articles définis. Des personnes vont écrire « le·a débutant·e » mais tu peux très bien écrire « le débutant et la débutante » ou encore « les personnes qui débutent ».

Concernant les pluriels : il existe 2 façons d’écrire inclusivement au pluriel :

  • Certaines personnes préfèrent mettre en avant la marque du féminin en identifiant le « e » (Débutant·e·s)
  • tandis que certain·es cofondent les marques féminin/pluriel (Débutant·es)

Chez Phèros nous choisissons la 2e option car nous trouvons que cela allège un peu lecture.

Pour terminer cette 2e étape nous allons aborder les cas plus particuliers :

  • les mots qui ont un féminin et un masculin qui ne terminent pas avec un « e » mais avec une consonne : lycéen·nes, sportif·ves, chercheur·ses vont être alors utilisés
  • les mots qui finissent en -teur ou -trice : tu peux écrire créateur·ice, créateur·trice, créateurice
  • les adjectifs comme « tous » et « toutes » vont devenir toustes ou tous·tes ou encore tou·te·s
  • les pronoms :
    – celles et ceux deviennent celleux ou ceux.elles
    – elles et eux deviennent elleux
    – il ou/et elle deviennent iel ou illes
    – ils ou/et elles ielles ou iels

Les pronoms inclusifs sont davantage utilisés par la communauté LGBT+ pour inclure les personnes non-binaires.

Troisième principe : Utiliser des termes « universels » plutôt que masculins

Les droits de l’Homme ça te dit quelque chose ? L’évolution de l’Homme aussi ? Le mot « Homme » a été utilisé comme repère pour présenter les femmes et les hommes. Et bien avec l’écriture inclusive, on dira plutôt « Les droits de l’Humain et des citoyen·nes ».

Le Guide pratique pour une communication publique sans stéréotype de sexe (réalisé par le Haut conseil à l’égalité entre les hommes et les femmes) explique que si la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme s’appelle comme cela, c’était pour écarter à l’époque les femmes du droit de vote. En 1949, les rédacteurs de la déclaration onusienne voulaient d’ailleurs écrire « Man Rights ». Mais une femme dans l’assemblée était présente et a refusé cette appellation. Qui ça ? Il s’agit d’Eleanor Roosevelt, Ancienne Première dame des Etats-Unis, qui lutta pour faire valider le terme « Human Rights » afin de couvrir également les droits des femmes. En France, cette expression fut traduite « Droits de l’homme » … Les Québécois et québécoises, plus en avance, ont renoncé aux « droits de l’Homme » pour les « droits de la personne »

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